« La paix dans deux ans. » A Jérusalem comme à Ramallah, les commentateurs se montrent sceptiques quant à l’avenir de la nouvelle initiative de paix américaine visant à obtenir un accord de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP) « en vingt-quatre mois et peut-être moins ».
C’est en tout cas dans le cadre de cette initiative que Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, a rencontré le président égyptien, Hosni Moubarak, la semaine passée et que ce dernier a ensuite reçu Mahmoud Abbas, le président de l’AP. Dans la foulée, plusieurs délégations de pays arabes se sont également rendues à Washington.
« Capitale éternelle »
Jusqu’à ces derniers jours, Israël refusait d’envisager le partage de Jérusalem, sa capitale « éternelle pour les siècles des siècles », et refusait d’évoquer le prolongement du moratoire de dix mois sur les constructions dans les colonies de Cisjordanie proclamé en novembre 2009. Quant à l’AP, elle refusait d’envisager toute reprise des négociations de paix tant que l’Etat hébreu n’envisagerait pas le partage de Jérusalem en deux ainsi que l’arrêt définitif du développement des colonies. A cela s’ajoutait évidemment une série d’exigences sur le droit au retour des réfugiés, sur l’indépendance de l’Etat palestinien ainsi que sur ses frontières définitives.
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Cependant, à la veille de la nouvelle année, Benyamin Netanyahou et son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, ont changé de ton. Sans doute en raison de pressions américaines. « Nous sommes prêts à discuter de tout », ont déclaré des membres de leur entourage. S’exprimant au micro de la radio publique, le chef de la diplomatie israélienne a certes affirmé qu’il ne « ne croit pas à la réussite de négociations à court terme », mais il s’est déclaré « prêt à essayer ».
De leur côté, les conseillers de Mahmoud Abbas ont affirmé que le président de l’AP n’était « pas opposé par principe » à la reprise de pourparlers mais que ceux-ci « devaient avoir du contenu ». « Discuter pour discuter est inutile. Nous devons savoir où nous allons, sinon nous perdrons notre temps », a déclaré Nabil Aou Rodeineh, un proche du leader de l’AP.
Contacts en coulisses
L’administration américaine estime pour sa part que la situation est mûre pour pousser les deux parties à aller de l’avant. Ce qui explique pourquoi l’émissaire de la Maison-Blanche, George Mitchell, reviendra dans la région dès la semaine prochaine. Cela alors que ses collaborateurs sont déjà sur le terrain pour paver la route à la reprise des pourparlers. L’émissaire américain envisagerait dans un premier temps d’organiser des discussions indirectes entre Israéliens et Palestiniens. « Afin de mettre la machine en route », disent ses proches. Puis, d’ici à quelques mois, les deux parties seront invitées à se retrouver autour d’une même table avec le soutien de pays arabes modérés – telles l’Egypte et la Jordanie – ainsi que de l’Union européenne.
En coulisses, les contacts entre Israéliens et Palestiniens se poursuivent malgré la coupure officielle. Ces dernières semaines, le ministre palestinien des Négociations, Saeb Erekat, a rencontré régulièrement – et discrètement – des dirigeants hébreux. Quant au ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, il s’est semble-t-il rendu discrètement à Amman au début de la semaine pour discuter avec Mahmoud Abbas de la reprise du processus de paix.